Parce que la vie ce sont pleins de petits instants délicieux....
Partager un moment avec ma mamie...
Quand j'étais petite, ma grand-mère s'est beaucoup occupée de moi, mes parents travaillaient, elle était là pour les devoirs, les vacances, la belotte et le far breton (la gourmandise en général, en fait). Elle a 88 ans maintenant. Et lorsque je vais la voir, parfois nous retrouvons nos réflexes d'autant. Nous faisons des mots croisés en grignotant. Sauf que c'est moi qui trace les lettres dans les cases. Mais son sourire, son regard qui pétille sont toujours les mêmes. Et ça, pour réchauffer un coeur en cet automne interminable, il n'y a rien de comparable.
Etre bien avec quelqu'un sans avoir à parler...
Le silence pour moi est très angoissant...
J'aime sentir des présences autour de moi. Le silence me renvoie à l'absence.
Avant, je ne supportais pas les blancs dans les conversations, je me triturais le cerveau pour trouver des choses à dire, combler les vides. je voulais être spirituelle, intéressante, spontanée... J'en arrivais à être tout le contraire à force de préparer ce que j'allais dire.
Et puis j'ai appris à me connaître et à m'ouvrir aux autres. Et avec est venue la confiance. La confiance en moi et la confiance en leur amour. Mes amis savent comment je fonctionne. Les mots sont souvent superflus, un sourire, un regard et je sais que nous partageons quelquechose.
Maintenant, ces silences me plaisent car ce sont des instants de complicité et de partage.
Manger du foie gras sur un toast bien chaud...
La dégustation du foie est entourée d'un rituel, au moment des fêtes de noël. L'entrée incontournable, celle que ma mère n'oublie jamais. Toute la famille est réunie dans la maison familiale. L'apéritif a égayé les esprits et ouvert les appétits. Nous passons à table et je me régale de ce qui va suivre. Ma mère apporte le plat, mon père s'occupe des toasts.
"Qui en veut?"
"Moi!"
Le toast arrive jusqu'à moi, il est tout chaud, le foie gras n'en sera que plus fondant.
Je coupe un morceau, je le pose sur le toast.
Inlassablement, la même blague revient: "Alors, il est bon ton pâté?"
Quand j'étais petite j'ai fait le sacrilège d'appeler ainsi ce mets délicat.
Mon grand-père grimace en entendant cette hérésie.
Moi, je m'en fiche, le goût a envahi mes papilles, mon être.
Le terme est volupté me semble-t-il.
Volupté du goût, volupté de partager ces instants.
Et je sais que le lendemain, j'aurai le droit de finir le reste de foie gras...
Etre avec ses amis et sentir que l'on fait parti d'un tout...
Pendant plusieurs mois, j'ai été séparé de ma famille et de mes amis. De mon plein gré, je suis allée travailler à l'étranger. Même si je l'avais choisi, même si cette décision était mûrement réfléchie, c'est difficile de laisser derrière soi ceux qu'on aime, sa vie. Egoïstement, j'ai même espéré que mes amies ne vivent pas des choses sans moi...Mais quelle jubilation au moment des retrouvailles, le sentiment de revenir dans un monde qui est le mien, un univers rassurant.
Je me souviens plus particulièrement d'un jour...
Je devais retrouver mes amies, j'étais en retard... Quand je suis finalement arrivée, elles étaient attablées ensemble. Leur sourire en me voyant arriver... Et une phrase qui transperce le coeur de bonheur: "Ca y est, on est au complet!".
J'ai eu le sentiment d'appartenir à un tout, un cocon protecteur où je me sentais intouchable.
Je me rendais compte que ce que j'avais me suffisait et m'emplissait de bonheur.
Manger un vermicelle préparée par ma mère quand je suis malade...
Le matin, lorsque j'étais malade étant enfant, je descendais les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée et je me blotissais dans les bras de ma mère. Ma mère était infirmière. Elle m'installait dans son grand lit et appelait le médecin. Je détestais (et je déteste toujours) ces moments où mon corps souffrait. Mais à l'heure du repas, je goûtais encore plus le bonheur d'être dorlotée. C'était toujours le même rituel. Ma mère me préparait un vermicelle, tantôt au lait, tantôt nature et elle me l'apportait au lit. Je l'avalais, ma mère à mes côtés. Je me souviens de ce goût si doux qui semblait soigner mon corps. Je me souviens du regard de ma mère empli de bonté, elle me caressait les cheveux et je m'endormais paisiblement.
A votre tour de partager un moment de bonheur...