"L'Inde, on adore ou on déteste", c'est ce qu'on m'avait dit avant de partir...
Je suis partie en Inde, il y a bientôt 4 ans et des voyages que j'ai fait, c'est certainement celui qui m'a le plus marquée.
Je sors de l'avion, premiers pas sur le sol indien. Il fait chaud, il y a beaucoup de monde, tout bouge très vite, il faut se mêler à la foule, suivre le rythme. Beaucoup de bruit, les hauts-parleurs de l'aéroport crachent des mots dont je ne saurai dire à quelle langue ils appartiennent. Mais ce n'est rien comparé au bruit à l'extérieur.
Plongée immédiate dans l'Inde: chaleur moite, c'est la nuit mais la rue vit. Des gens qui marchent, des gens allongés sur les trottoirs qui recherchent un peu de fraîcheur. Comment vit-on dans ce bruit?
Jour 1:
Premier lever de rideau après une nuit très courte, la vie commence tôt en Inde.
De la ville de départ, Chennaï, je ne vois pas grand chose, un flot de véhicules incessant, des gens, des chars à boeufs, des tricycles, des rickshaws, des bus bondés, des camions énormes... Et la pauvreté: des routes défoncées, des fossés boueux, les rivières souillées par les déchets, les camps de réfugiés. Et au milieu de ce qui ressemble pour moi a un chaos, des gens qui sourient, oui ils sourient. Un indien me dira plus tard que les indiens acceptent leur destinée, un fatalisme qui les fait vivre selon ce que leur condition permet.
Le soir en me couchant, j'ai beaucoup d'images qui tournent dans ma tête, le sommeil m'échappe.
Jour 2:
Un autre visage de l'Inde. Nous sommes à Kanchipuram, la ville aux 1000 templs, une des 7 villes saintes d'Inde.
Je visite plusieurs temples, l'architecture est impressionnante, c'est sculpté minutieusement, c'est giganteque, c'est doré et coloré. J'enlève mes chaussures que j'ai laissé au parking à chaussures, mes pieds brûlent.
Et là encore, cette profusion des gens, de gens qui nous dévisagent. Je me demande si c'est du mépris, de la moquerie, de la curiosité, de la gentillesse, un mélange de tout cela sans doute. C'est ici que pour la première fois des indiens viennent nous voir pour nous demander de faire des photos avec eux. Visiblement nous sommes aussi exotiques pour eux, qu'eux le sont pour nous.
Mais toujours la même constante: le fouillis. Ca ressemble un peu à ce qu'il y a dans ma tête à cette époque. J'aime ce pays.
Au détour, d'une ruelle, j'entre dans un atelier de soie, je fais le modèle de démonstration et me voilà parée d'un beau sari bleu, mes rêves de princesse sont comblés.
Jour 3:
Au petit matin, ous découvrons les bâteaux de pêche sur la mer, fragiles esquifs dans cet océan qui s'étend à perte" de vue. Et l'humidité attaque mon appareil photo, je n'en tirerai rien.
Je visite Mahabalipuram, un ensemble de sanctuaires creusés dans la roche. J'écoute les récits mélangeant histoire et religion, intimement entremêlées. Et il y a le "temple du rivage", un temple posé sur le bord d'une falaise, fragile édifice soumis aux conditions métérologiques.
Puis c'est le départ vers Pondichéry.
Prises d'une envie subite de liberté, mon amie et moi nous aventurons dans la rue, besoin de voir de plus près, de vivre plus intensément cette Inde. Nous n'avons pas été déçues...Nous avons été jusqu'au bout de la rue... 10 minutes de visite, 1 heure pour s'en remettre. Traverser la rue a été un moment épique, trop de gens, de voitures, de klaxons... Chacun a son klaxon, pour avertir, pour menacer, pour reculer, à une note, à deux notes et parfois de vrais morceaux de musique. Le principe, toujours marcher à la même allure, les véhicules t'éviteront... C'est sûr ça???
Pour compenser ces émotions, je visite un ashram, lieu d'ermitage, de méditation. C'est paisible et fleurit. Ca ne me touche absolument pas et je me pose la question où est la frontière entre religion et secte...
La visite de la ville se termine par une balade dans la ville blanche, partie de la ville qui correspond à l'ancien comptoir français, la ville coloniale. Et cela se voit, principalement au niveau de l'architecture qui ressemble à celle de la Nouvelle-Orléans. La première impression est un grand calme ou d'un grand vide... Quand on pense qu'il est même interdit de klaxonner ici...!!
Jour 4
Dans le bus, on a le temps d'observer la vie surtout lorsque la route est bloquée par des éboulements ou des accidents, étonnament assez courants. Dans la plupart des villes traversées, il y des drapeaux, des drapeaux indiens mais aussi des drapeaux aux couleurs du parti politique au pouvoir dans la ville. La vie indienne semble très politisée, même les cornes des zébus et les arbres sont peints aux couleurs des partis politiques.
visite du touriste de basse: un atelier de tissage.
Jour 5
Trichy est la ville du "rocher sacré", elle est dominé par une forteresse quasi'imprenable, "Rock Fort". Je traverse un petit bazar puis un petit temple où on laisse ses chaussures et en avant: 437 marches à monter. Au sommet s'offre un splendide panorama sur la ville et un temple dédié à Ganesh (le dieu éléphant).
Visite du temple de Srirangam, dont la construction s'étalent sur 10 siècles. Le temple est entouré de 7 enceintes (de la moins à la plus sacrée) et surmonté de 21 gopurams (constructions par lesquelles on pénètre dans les enceintes). Les 3 premières enceintes sont extérieures au temple, les 4 autres sont situées à l'intérieur. Les premières enceintes sont un véritable lieu de vie, une ville dans la ville avec son bazar coloré, ses boutiques et ses mendiants. C'est la première fois que je me sens mal à l'aise, c'est beaucoup de pauvreté, c'est l'idée que je me faisais d'une cour des miracles. A ce moment, j'ai réfléchi à l'indifférence dont je faisais preuve en France face à ceux qui font la manche, parfois je donne, parfois je passe sans baisser les yeux mais je dois admettre que si leur sort m'attriste, il ne m'empêche pas de dormir. Mais ici, impossible de détourner les yeux. Je serais cinique, je dirais que les mendiants en France sont trop propres sur eux...
A l'intérieur du temple, des éléphants bénisseurs. Contre une pièce déposée dans sa trompe, l'éléphant bénit les pelerins et autres touristes.
Puis je pars pour Tanjore, visite du temble de Brihadishvara, haut lieu du shivaïsme, inscrit au patrimoine de l'humanité.
Les couleurs sont encore plus belles au coucher du soleil.
Jour 6:
En route pour Madurai,beaucoup d'images, l'envie pressante de sortir du groupe. Il va falloir que je revienne.
Le prochain temple est celui de Sri menakshi.
Dans le style coloré, c'est le plus beau temple que j'ai visité, c'est très grand, le bassin intérieur avec sa fleur de lotus en or est sublimet et apaisant; au plafond et sur les murs, des dizaines de peintures. Un condensé d'Inde: couleurs et religion.
Beaucoup de monde, quelques 10000 visiteurs par jour.
Je m'achète un bracelet de cheville et je fais gling gling gaiement.
Nous montons sur une terrasse face au temple, vue splendide sur la ville et sur les ouvriers montés sur des échaffaudages bancals, enfin un échaffaudage, un amas de bout de bois plutôt! Le tout sans sécurité bien sûr et en plus, ils nous saluent de ta main. "Non, mais ils ne sont pas bien! tiens-toi!"
Jour 7:
Je quitte le Tamil Nadu pour rejoindre le Kerala, région montagneuse (je les vois au loin les montagnes mais , on s'en approche lentement!)
Le décor change totalement, la nature fait son apparitions et puis les plantattions à perte de vue.
A bord d'un bateau, je visite la réserve de Périyar, la plus importante en Inde concernant les éléphants sauvages. Et là, devant mes yeux d'enfants, une éléphante et ses 2 éléphanteaux travaersent le lac devant nous.
Par contre, les tigres, eux, resteront camouflés dans la forêt.
Et là, subitement, j'aime la nature!
Pour finir la journée, je visite une plantation d'épices et je me régale déjà en pensant aux bons petits plats que je vais préparer en rentrant.
Jour 8:
Je reprends la route, les paysages sont enchanteurs, toutes ces nuances de vert, les saris colorés des cueilleuses tranchent dans les plantations.
Je visite une plantation d'hévéa, dix minutes de visite, 14 piqures de moustiques! Je me réfugie dans le car, les moustiques ont vaincu!
Jour 9:
La veille, j'avais rejoins l'hôtel en bateau. C'était le premier aperçu des Backwaters, le Marais poitevin à une autre échelle. Aujourd'hui, la balade dure 3 heures. La première et la dernière demi-heure sont superbes, je vois les gens vivre autour de l'eau. Mais les 2 heures au milieu, 2 loonngguueess heures. A priori, à certaines périodes périodes de l'année, c'est une réserve ornithologique très peuplée...mais là, à part quelques cormorans...rien. Langueur et coups de soleil..!
Je prends la route vers Cochin, ville beaucoup plus occidentalisées et modernes, la preuve, les gens portent des chaussures, des casques sur les motos et les fleurs ont disparu des cheveux des indiennes.
Le soir, j'assiste à un spectacle de Kathakali, danse narrative pleine de codes, les maquillages et costumes révèlent la personnalité des personnages. Les danseurs sont accompagnés de chanteurs et de musiciens. C'est impressionnant de précision, de maîtrise corporelle.
Jour 10:
A Cochin, je me promène sur le port. Tout le long, les pêcheurs vendent les poissons qu'ils viennent d'attraper dans des carrelets chinois, vestiges du XIIIème siècle.
C'est là que se trouve la plus vieille église de l'Inde, l'église Saint-François.
Et sur une échoppe, j'achète plein de cartes postales kitsches qui trônent encore dans mon salon.
Je visite le Palais hollandais de Mattancherry, construit par les portugais, il fut restauré par les hollandais à la fin du XVIIème siècle (d'où son nom). A l'intérieur, on peut y voir la galerie de portraits des rajas de Kochi, des plafonds très travaillés, des palanquins... Le tout étant de ne pas être trop gros ni trop grand sous peine de ne pouvoir emprûnter les escaliers menant au rez-de-chaussée.
Après une virée shopping (femme, touriste, tout ça...), je rentre en rickshaw, rite initiatique indien. Le rickshaw, une sensation... polluée.
Jour 11:
Je passe quasiment toute la journée dans le car. On nous annonce 350km et bêtement tu te dis "bon, c'est beaucoup mais toute une journée??" Et oui! 10 heurs! 10 heures de route indienne et montagneuse. Et on remet ça demain?? Je suis joie!
Autant dire que cette journée ne fut pas riche en visite, juste une pause dans une fabrique de thé (si vous voulez je peux vous expliquer par le menu toutes les étapes de la cueillette à votre bol le matin).
Le soir à l'hôtel, attirée par la musique, nous nous retrouvons en plein milieu d'un mariage et nous voilà invitées par la famille de la mariée. J'en prends plein les yeux, ça brille de mille feux.
Jour 12:
Et c'est reparti, aujourd'hui, la descente vers Mysore. 160 km = 6 heures!
Durant le trajet, nous nous sommes arrêtés dans une école. Des enfants sans surveillance et qui jouent gentillement en attendant le car de leur maîtresse qui finit par arriver et entonne des chansons en anglais avec eux.
Pendant ce temps là, l'agriculteur du champs voisin est venu nous montrer ses carottes...
A Mysore, je vais sur le marché, c'est immense!
Un délice pour les yeux et le nez: les pigments, les fleurs, les encens...
Jour 13:
Visite de Mysore et de ses alentours:
La forteresse de Srirangapatnam
La mosquée "familiale" de Tipu Sultan (le tigre du Moyen-Orient, rrr....!)
Le palais d'été de Tipu Sultan
Le palais du maharajah: c'est beau à l'extérieur et à l'intérieur, bon il faut aimer le faste et les dorures mais c'est indien... des colonnes turquoises et des fleurs roses... Le soir, on fêtait Karl Marx et à cette occasion, les près de 100000 ampoules réparties sur la façade du palais s'illuminent, c'est un peu la parade de Disneyland... J'ai adoré, cela a réjoui mon coeur de princesse!
Le temple de Keshava à Somnathpur, dédié à Vishnou.
Joue 14:
Aujourd'hui, je visite le temple de Sravanabelagola, plus important centre de pélerinage Jaïn. Et ça se mérite... 600 marches taillées dans la montagne en plein soleil... pour découvrir une statue imposante de 17m de haut, taillée dans un seul bloc, de Bahubali et une vue superbe (et je n'ai pas du tout le certige :s)
C'est l'heure de visiter les derniers temples, celui de Hoysaleswara et de Channekeshava.
Jour 15:
Ca sent la fin...
Nous partons de Bangalore, ville assez "occidentalisée", grand centre industriel, commercial et scientifique.
(et merci à ma famille d'adoption pour tout cela...!)