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J'ai dit aurevoir à mon grand-père. Pour la dernière fois.
Pendant des semaines, pas un mot. Je n'ai pas couché un seul mot sur papier. Je n'ai pas pu. Je n'ai pas réussi à écrire pour son enterrement. J'ai été réduite à écouter les mots de mon père et de mon frère. Les mots de mon frère ont résonné fort en moi, ils étaient si justes. Je partage tous ces souvenirs même si je n'en garde pas les mêmes impressions.
Il se souvient des effluves qui ont emaillé son enfance: le riz au curry, l'eau de cologne, le pento... Quand il en parle je vois les images mais ce ne sont pas les odeurs qui me reviennent, ce sont les gestes de mon grand-père, ses mains qui agissent avec le monde.
Les mains qui me soulevaient pour me porter, me serrer contre lui avant de me poser sur la table après le bain.
Celles qui m'ouvraient la portière de la voiture en disant " en avant mes petits rats!" et qui nous conduisaient à la danse.
Celles qui tapotaient le bras de ma grand-mère en lui demandant:"Ca va ma p'tite poulette?".
Celles qui tournaient la râpe manuelle pour mettre le gruyère dans le riz au curry.
Celles qui mettaient du Pento dans ses cheveux et de l'eau de cologne sur ses joues en les tapotant.
Celles qui lançaient les boules de pétanque sur la plage en Bretagne.
Celles qui, d'un bon coup de fourchette, se régalaient d'un bon plat au restau.
Plus que sa mort, c'est le fait qu'il ne connaîtra jamais son arrière petit fils qui me fait de la peine.
Il aurait été heureux de le connaître.
J'arrive à imaginer les gestes qu'il aurait eu. Il aurait souri et aurait agité sa main devant lui pour lui faire coucou. Il l'aurait aimé. Inconditionnellement. Comme nous on s'aimait.
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